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30/10/2006

Le sacrifice de Jean-Baptiste

« Voici la loi du sacrifice d'expiation. C'est dans le lieu où l'on égorge l'holocauste que sera égorgée devant l'Eternel la victime pour le sacrifice d'expiation : c'est une chose très sainte. Le sacrificateur qui offrira la victime expiatoire la mangera ; elle sera mangée dans un lieu saint, dans le parvis de la tente d'assignation. […] Tout mâle parmi les sacrificateurs en mangera : c'est une chose très sainte. » (Lévitique, 6: 18-22)

 

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Vêtu de peaux de bêtes, errant solitairement dans le désert où il se nourrissait de miel et de sauterelles, Jean le Baptiste incarne l'animalité d'un ancien testament qui n'est plus, la parole brute d'une toute autre époque que celle qu'annoncera le fils de Dieu. Mais ce sauveur, c'est Jean lui-même qui l'avait montré du doigt, Jean aussi qui le baptisa ; or celui qui nomme, celui qui oignant, baptisant, donne vie, celui aussi qui vint d'abord et en premier, comment ne pas le penser « père » ?

 

Quoique l'on puisse parfois, selon les textes, considérer Jean comme un presque frère, un cousin de Jésus, lorsqu'à genoux le Baptiste animalisé se fait bouc émissaire sacrifié, il y a lisiblement substitution et passage d'une Loi du Père à une autre : les textes bibliques comportent des traces d'un parricide, d'une castration de la figure paternelle. La décapitation, Freud la considère en effet comme métaphorique d'une castration, la tête coupée s'apparentant au phallus-totem que celui qui décapite s'approprie. Or, lorsque Salomé demande la tête de Jean, c'est au cours d'un banquet et sur un plateau que ce chef lui sera servi, comme si la danseuse avait voulu se délecter d'un met précieux - cannibalisme féminin en suspens, comme ce grand sabre qui trancha, tranche et tranchera...