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25/11/2007

Speculari

« LE JEUNE SYRIEN
Comme la princesse est pâle ! Jamais je ne l'ai vue si pâle. Elle ressemble au reflet d'une rose blanche dans un miroir d'argent.

LE PAGE D'HÉRODIAS
Il ne faut pas la regarder. Vous la regardez trop ! […]

SALOMÉ

[…] Mais pourquoi ne me regardes-tu pas, Iokanaan ? Tes yeux qui étaient si terribles, qui étaient si pleins de colère et de mépris, ils sont fermés maintenant. Pourquoi sont-ils fermés ? Ouvre tes yeux ! Soulève tes paupières, Iokanaan. Pourquoi ne me regardes-tu pas ? As-tu peur de moi, Iokanaan, que tu ne veux pas me regarder ?...» (In Salomé d'Oscar Wilde)

 

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« Of course to one so modern as I am, enfant de mon siècle, merely to look at the world will always be lovely. I tremble with pleasure when I think that on the very day of my leaving prison both the laburnum and the lilac will be blooming in the gardens, and that I shall see the wind stir into restless beauty the swaying gold of the one and make the other toss the pale purple of its plumes so that all air shall be Arabia for me. Linnaeus fell on his knees and wept for joy when he saw for the first time the long heath of some English upland made yellow with the tawny aromatic blossoms of the common furze; and I know that for me, to whom flowers are part of desire, there are tears waiting in the petal of some rose. It has always been so with me from my boyhood. There is not a single colour hidden away in the chalice of a flower, or the curve of a shell, to which by some subtle sympathy with the very soul of things, my nature does not answer.  Like Gautier, I have always been one of those pour qui le monde visible existe » (Oscar Wilde, in De Profundis

17:15 Publié dans Voiles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Oscar Wilde, regard, voir, roses

02/08/2007

Lune décollée

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13:10 Publié dans Voiles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Oscar Wilde, Salomé

09/02/2007

« To the Editor of the Times »

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SIR, - My attention has been drawn to a review of Salomé which was published in your columns last week [February 23, 1893]. The opinions of English critics on a French work of mine have, of course, little if any, interest for me. I write simply to ask you to correct a misstatement that appears in the review in question.


The fact that the greatest tragic actress of any stage now living saw in my play such beauty that she was anxious to produce it, to take herself the part of the heroine, to lend to the entire poem the glamour of her personality, and to my prose the music of her flutelike voice – this was naturally, and always will be, a source of pride and pleasure to me, and I look forward with delight to seeing Mme. Bernhardt present my play in Paris, that vivid centre of art, where religious dramas are often performed. But my play was in no sense of the words written for this great actress. I have never written a play for any actor or actress, not shall I ever do so. Such work is for the artisan in literature – not for  the artist. – I remain, Sir, your obedient servant,


                                OSCAR WILDE.



(Times, March 2, 1893)

30/01/2007

« Moi, ça me laisse froide »

« Qu’ils sont étranges, les gens qui croient que c’est arrivé ! Comment peuvent-ils ? Une seule chose dans la vie, le rêve, me paraît assez belle, assez émouvante, pour valoir qu’on se trouble jusqu’au rire, jusqu’aux larmes.

J’ai cru trouver la fin de mon indifférence quotidienne (le lieu et la formule), un prolongement de mes nuits : l’art. (Ah ! que j’étais donc jeune !) Vierge, en effet, jusqu’à l’âme, je ne m’étais pas encore occupée de questions artistiques — ce sera mon excuse.

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    Je compris vite l’horrible guet-apens : peintres, écrivains, sculpteurs, musiciens même, ils copiaient la vie. Au lieu de la tromper, cette éternelle épouse ! c’était à qui lui serait le plus fidèle. Pouvais-je admirer leurs chromos, moi qui déjà n’aimais point le modèle ?

    Pourtant, parfois les “ ratés ” me plaisaient, ceux d’entre les portraits qu’on ne parvenait point à faire ressemblants. J’achetais les laissés pour compte. Au moins, ces amants du réel étaient cela, faute de mieux : Pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font !

    Mais d’autres, soi-disant amants de l’Idéal, assuraient qu’ils déformaient à dessein les traits de l’héroïne (et certes ! ils se vantaient !) — Fardez, maquillez, mettez-lui un faux nez — grattez : la grimace reparaît ; la femme, elle est toujours dessous ! — D’autres hommes prétendaient créer absolument, ou du moins reproduire l’autre vie, la spontanée, celle qui surgit, remue sous les paupières closes… Et, fiers de leur révolte, se contentaient d’assembler, et sans aucun discernement, ce qu’ils trouvaient épars dans la nature, ou chez leurs collègues : les décalcomanes. De telles œuvres, ah ! qu’un dieu les daigne résoudre !

Se croyant tous destructeurs, bâtisseurs, méconnus, maudits, parricides, incendiaires — comme ils s’intimident eux-mêmes ! comme ils sont, devant ce qu’ils nomment : la Gloire, des enfants sages, et soumis, et battus ! — comme ils manquent d’audace !… Ils croient à l’immortalité du Génie (blague entre les blagues !). Ils pensent aussi, les uns que c’est arrivé, les autres que ça arrivera.

Ce n’est peut-être pas la peine de le dire ? ça se voit : je ne les aime guère. C’est d’avoir trop voulu les aimer.

Ma déception commença au théâtre, un jour qu’on apportait dans un bassin d’argent une tête en carton peint, dégouttante de rouge — rappelant un morceau de porc frais à l’étal du boucher. — C’est ignoble ! Ma religion en interdit la vue.

Toutefois, avant de renoncer au monde, je danserai devant Hérode, parce qu’il s’intéresse à mon sommeil, et qu’il m’a fait lui expliquer mes songes…

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(Ils disent que je tournoie, tantôt sur les paumes, tantôt sur les orteils, comme une acrobate — car ils ne savent pas voir. Je suis sirène ou serpent et me tiens dressée sur ma queue ; je suis un oiseau, un ange, et danse légèrement sur la pointe endurcie de mes ailes.)

… D’ailleurs il m’a promis qu’il me paierait royalement. Je veux faire une dernière épreuve : savoir quelles sont ses idées en matière de carton peint (car s’il a du goût, ce n’est pas la question d’argent qui l’arrêtera).

Quand, somnambule érotique, j’aurai pour son plaisir changé sept fois de peau, je m’éveillerai, je commanderai qu’on m’apporte dans un bassin d’argent la tête du prophète Whatshisname (j’oublie son nom ; n’importe ! mon beau-père comprendra). D’abord, ce sera drôle de voir son front fâché. Il n’aime pas qu’on parle du prisonnier, dont il est jaloux, car lui-même prophétise volontiers. Il s’est vanté d’entendre des voix — des voix terribles. Mais Salomé aussi lui fait peur, et c’est ma mère qu’il…

 

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Pourquoi ai-je demandé ça ? Elle est encore plus coupée, encore plus laide et plus mal faite qu’au théâtre. Il paraît que je dois y toucher, la prendre dans mes mains, la baiser… Ça m’est bien égal ! Est-ce qu’un objet si ridicule peut effrayer ? Ma répugnance est tout esthétique. — La toucher ? oui, ils veulent toujours ça : qu’on admire comme c’est bien imité ! — Mais la baiser ? pourquoi ?… Ah !… Parfaitement. Ils se figurent que j’en suis amoureuse. Mon dieu ! si ça les amuse. Je ne leur savais pas tant d’imagination. — La baiser ? Veut-on que j’en fasse davantage ?…

(Le Tétrarque a sa crise de nerfs. A quoi lui sert d’entendre des voix ? Lui aussi croit que c’est arrivé !)

Tiens ! mais c’est qu’elle me salit avec du sang gluant, moins rouge et plus chaud qu’il n’est d’usage… du sang pareil au mien…

(Ce n’est pas du bon théâtre.)

Qu’est-ce que ça prouve ? Simplement que j’avais raison :

L’art, la vie : ça se vaut. C’est à qui sera le plus loin du rêve — et même du cauchemar. Je veux bien qu’il y ait des sots sur qui ça fait beaucoup d’effet. Moi, ça me laisse froide.

Si je vibre d’autres vibrations que les vôtres, fallait-il conclure que ma chair est insensible ? »

 

(Claude Cahun, in Héroïnes)
 

18/01/2007

Dés-doublements

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« Un évangile de Nubie, découvert par Boissière, nous parle d'un jeune philosophe à qui une princesse hébraïque fait hommage du chef d'un apôtre ; le jeune homme répond en souriant : « Ce que je désire, ô mon aimée, c'est ta propre tête. » Et, alors, la danseuse, pâle, s'éloigne et le soir du même jour, sur un plat d'or, un esclave présentait au philosophe la pauvre petite tête de l'aimée. Et le sage s'exclama : « Qu'on emporte la chose sanglante ! » et il continua de lire Platon… »

(sic Oscar Wilde, selon Enrique Gomez Carillo retranscrit par Thibault d'Anthonay)

05:08 Publié dans Voiles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : salomé, oscar wilde