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12/11/2007

Semaine 11

« Illisible » fut déclarée la Salomé des îles Blanches ésotériques d’un Laforgue qui voulait avant tout parodier et faire rire... C’est que loin des flamboiements de pierreries de tous ces textes étincelants d’artifices stylistiques, l’automne s’est installé sur la ville et la classe.  L’enthousiasme flamboyant n’est plus que pâle lueur, mais je connais bien ces moments calmes, ces creux de semestre où se fait le silence avant que de nouveau fusent les discussions. Alors en attendant, il me faut repenser certaines facettes du cours, varier les activités, défier l’habitude, réveiller les esprits – voilà donc mon programme pour les jours à venir.    

03/11/2007

Semaine 10

Plus Moreau que Redon fut Huysmans en ces cours, et la richesse d’une langue habitée de néologismes fascina tout le groupe – même si peu furent franchement séduits d’une complexité dite complication. Et de l’ekphrasis des tableaux de Moreau au cœur même d’A Rebours demeurera sans doute le mystère d’une tête vue de Salomé seule et peinte comme un soleil, tandis que ne rougeoie nulle tête sanglante en cette seconde toile qui ressemble pourtant à celle de des Esseintes, décrite au cœur du texte. Musée imaginaire ? - et l’on regrette un peu que Paris soit trop loin pour pouvoir arpenter l’exposition d’hiver ou Huysmans et Moreau sont aussi réunis.     

28/10/2007

Semaine 9

Le naturalisme originel du Huysmans décadent serait moins œuvre d’un spiritualiste que d’un empailleur averti, taxidermiste de son état – voilà ce que cette semaine révéla à la classe. Talon d’Achille du Dandy : Salomé ou la tortue, A Rebours des habitudes : fiction que nous imaginâmes d’une danseuse de collection, croulant sous les pierreries et les dorures sous l’œil enflammé d’un des Esseintes orientaliste. Et au bout de l’aventure, gisant pailletée d’éclats sur le tapis persan, Salomé  aurait eu, fatalement, le souffle coupé d’artificialités…  

22/10/2007

Semaine 8

La mort de Salomé en ces indices épars : une vipère égarée, un collier de diamants, le miroir glacé d’un lac des cygnes gelé, les reflets du trépas en ce glacier qui cède, et puis la nudité blancheur marbrée de bleu d’un corps sombrant d’éclats.

Il fut aussi question – et l’à-propos me plut – d’une décapitation à toute allure, Salomé au volant de sa décapotable et ce foulard fatal, rouge bien entendu.

14/10/2007

Semaine 7

La classe est de ces cercles magiques où s’échangent les énergies : fatigués mercredi d’un retour de congé, mes étudiants me donnèrent presque l’envie de m’assoupir moi aussi dans l’écho lointain devenu habituel des vers mallarméens ; et puis vendredi leur vitalité de retour, le cours fut un plaisir de symboles musicaux, Mallarmé à la clef.

 

Correspondances aussi : ne passâmes-nous pas, en la mélancolie d'une saison mentale, dans ces strophes oubliées d'une forêt de symboles, jonchées de feuilles rousses ?

 

08/10/2007

Semaine 6

Soleil cou-coupé du Baptiste en récurrentes images, avant que de contempler via l’insensible et terrible Morgan, cette tête à jamais sanglante en son plateau-miroir. Du soleil à la lune, la rencontre fatale.

 

Et comme les hasards sont toujours objectifs sur le Pont des Arts, une autre soeur de Monelle, lectrice de Schwob émérite (présente dès les débuts de ce blog-ci) se heurtait, dans le réel, aux faux doubles de miroirs romanesques, ces figures qui ne sont ni des ombres ni des reflets, mais de tristes ectoplasmes sans âme ni cantique.    

30/09/2007

Semaine 5

Galipettes ces jours derniers de la Salomé de Flaubert, danseuse émérite et gracieuse qui zozote, zézaye, va jusqu’à oublier le nom de Iokanaan… Il fut question de mises en abîme vestimentaires, tout une grande cage à oiseaux multicolores habillant de ses teintes la belle qui virevolte ; et puis le statut de symbole de la danse elle-même qui, bien avant le funeste baiser, réunit en ses pas le ciel et la terre, l’idéal et le réel.

 

Le Baptiste abymé, sa voix depuis les entrailles de la terre et cette tête si lourde qu’ils doivent être trois pour la porter – la voix de la raison ? Non, juste celle du passé, le poids d’une mémoire.      

22/09/2007

Semaine 4

Coupable ou innocente ?

Le procès de Salomé réinventé en classe révéla un non lieu.

Danser n’est pas jouer, danser n’est pas tuer ; Catch-22 en somme.

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15/09/2007

Semaine 3

Pas grand chose à ajouter cette semaine, sans doute parce qu’un journal de bord de ce type n’est pas des plus aptes à rendre compte d’autre chose que d’impressions et de cocasseries. Demeureront de ces deux séquences quelques éclats de rires joyeux devant la nudité incongrue de cette jeune femme du Déjeuner sur l’Herbe de Manet et l’ambiguïté de cette lecture féminine chère aux impressionnistes qui, tout en étant libératrice, limite parfois la femme à des abîmes passifs de bovarysme et de non-écriture.


Manier la plume comme le sabre, le fleuron ou l’épée, savoir aussi ciseler son verbe – et puis d’une danse, voilà que Salomé virevoltant pour dire, inscrivant d’arabesques, invente toute une langue ; voici soudain que sa chorégraphie plus convaincante que toutes les plus viriles rhétoriques décide d’un devenir… Il ne s’agit même pas d’un acte de langage, mais d’une action dialectique, de la fatalité d’un geste. Non plus lire, mais danser – c’est-à-dire presque écrire.

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08/09/2007

Semaine 2

Retrouvé dans Annie Hall de Woodie Allen ce fameux « those who cannot do, teach » qui m’a toujours fait sourire. Ces derniers jours, il me semble toutefois que ce soit en enseignant que l’on puisse faire, tissant tout à la fois son propre savoir et le devenir littéraire de ces brillants étudiants qui écoutent et participent. Salomé cette semaine, tout en n’étant qu’encore à peine ébauchée, s’est révélée dans toute l’étendue de son paradoxe. Comment peut-on être « femme fatale » lorsque l’on est à peine femme, lorsque l’on s’englue à l’état de jeune fille ?  Et comment se fait-il que l’innocence, la virginité elle-même puissent s’avérer fatales ? Portrait de Salomé en lolita, sur les genoux d’Hérode, dansant plus tard, l’œil révulsé, telle une des poupées démembrées de Bellmer dont les galipettes de pierre orneraient l’un des chapiteaux de l’Abbatiale de Saint-Severe – l’uchronie sied au mythe.     

 

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