13/03/2008
« mièvre et féroce »
Madame Daudet, lectrice de l’Hérodias de Flaubert: « Jamais cet épisode si connu de l’histoire juive était apparu avec cette magie de vérité et cette grâce mièvre et féroce que la danseuse Salomé, les lèvres et les sourcils peints, un carré de soie changeante aux épaules, les pieds chaussés de petites pantoufles en duvet de colibri, à demi romaine et barbare, communique à tout ce récit, le plus complet peut-être des trois contes » (Julia Daudet, Études Littéraires - initialement publié sous le pseudonyme Karl Steen, dans le Journal officiel du 12 juin 1877).
Plus loin, la même sur Les Princesses de Banville « Ces sonnets ressemblent à des tapisseries anciennes, où sont tissées, dans un cadre tout orné d’attributs mêlés de feuillages exotiques, des nobles dames et des déesses. Chaque point a la saillie d’une perle; et pourtant les couleurs se fondent si bien, brillant si finement que les yeux des femmes, leurs mains roses resplendissent encore parmi ces magnificences qui leur prêtent seulement le feu d’un rayon, la caresse d’un reflet. Rien de plus lumineux, rien de plus doux » (Julia Daudet, Études Littéraires).
14:18 Publié dans Voiles | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : julia daudet, karl steen, théodore de banville, gustave flaubert, salomé
14/05/2007
« La Danseuse » de Banville
A Henry Regnault
Salomé, déjà près d'accomplir son dessein,Sous ses riches paillons et ses robes fleuries
Songeait, l'oeil enchanté par les orfèvreries
Du riant coutelas vermeil et du bassin.
Sa chevelure éparse et tombant sur son sein,
La Danseuse au front brun, parmi ses rêveries,
Regardait le soleil mettre des pierreries
Dans les caprices d'or au fantasque dessin,
Mêlant la chrysoprase et son fauve incendie
Au saphir, où le ciel azuré s'irradie,
Et le sang des rubis aux pleurs du diamant,
Comme c'est votre joie, ô fragiles poupées!
Car vous avez toujours aimé naïvement
Les joujoux flamboyants et les têtes coupées.
Janvier 1870.
11:40 Publié dans Voiles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Salomé, Théodore de Banville, Henri Regnault
31/03/2005
La Salomé de Banville
Douzième sonnet du recueil "Les Princesses"
"Car elle était vraiment princesse: c'était la
reine de Judée, la femme d'Hérode, celle qui a
demandé la tête de Jean-Baptiste."
Henri Heine, Atta Troll.
Ses yeux sont transparents comme l'eau du Jourdain.
Elle a de lourds colliers et des pendants d'oreilles;
Elle est plus douce à voir que le raisin des treilles,
Et la rose des bois a peur de son dédain.
Elle rit et folâtre avec un air badin,
Laissant de sa jeunesse éclater les merveilles.
Sa lèvre est écarlate, et ses dents sont pareilles
Pour la blancheur aux lys orgueilleux du jardin.
Voyez-la, voyez-la venir, la jeune reine!
Un petit page noir tient sa robe qui traîne
En flots voluptueux le long du corridor.
Sur ses doigts le rubis, le saphir, l'améthyste
Font resplendir leurs feux charmants: dans un plat d'or
Elle porte le chef sanglant de Jean-Baptiste.
09:15 Publié dans Voiles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Henri Heine, Théodore de Banville, Salomé, Jean-Baptiste, Littérature, Poème